Hier, au soleil de début de soirée,

nous avons assisté au concert de Manu Dibango, musicien camerounais de 80 ans, oui oui…

 

Ici, écoutez un de ses morceaux de choix…

il a fait bouger le monde hier soir !!!

C’est en Belgique que vous avez démarré votre longue et riche carrière. Quelle était l’ambiance dans le milieu à cette époque ?

Manu Dibango : J’ai eu la chance de vivre cette époque là, au début des années 60. Quand on parle des disques de Kaba Sélé ou de Franco, la plupart du temps, j’étais avec eux en studio comme saxophoniste ou comme pianiste. C’était assez amusant de voir sortir certains succès quand on sait comment ils ont été concoctés au départ…

Il y avait aussi, dans les années 50, un milieu jazz très prolifique. Beaucoup de jazzmen de renom sont passés par Bruxelles avant de partir pour les Etats-Unis. Nombre d’entre eux sont d’abord arrivés à Paris dans des endroits mythiques comme le club Saint-Germain. C’est l’époque des Bobby Jaspar, Sadi Lallemand, René Thomas ou Benoît Quersin qui a fini musicologue au Zaïre où il est parti chez les pygmées pour recueillir leur musique.

Moi, j’ai réellement commencé à travailler en Belgique en 1957 dans des lieux comme le Tabou ou les Anges Noirs, à la rue de Stassart. Avant cela, j’étais au Chat Noir à Charleroi, à l’époque où on construisait l’Atomium. Vous voyez que cela ne date pas d’aujourd’hui ! J’ai fait mon éducation musicale en Belgique et c’était très dur. A l’époque, le problème n’était pas d’être africain mais d’être musicien et de pouvoir  » faire l’affaire « .

D’ailleurs, le plus mauvais service que l’on peut rendre à un musicien africain, c’est de lui dire qu’il a le rythme dans le sang parce que cela l’empêche de travailler. C’était du vrai boulot, comme on allait à la mine ! (Rires…) Mais ce dur labeur m’a bien servi plus tard puisque j’ai joué les musiques de tout le monde. J’ai joué à Ostende, au Moulin Rouge, j’ai accompagné nombre de revues et de ballets. Il faut d’abord commencer par jouer la musique des autres et ce n’est qu’après, si tu as un peu de chance, que tu peux faire ta propre musique et que ta personnalité peut rejaillir.  

Pour lire la suite de cette interview :

http://www.rtbf.be/culture/musique/detail_manu-dibango-un-demi-siecle-de-musique?id=8006342

En 1994, j’ai eu 60 ans. J’avais un rêve. Il n’y a pas que Martin Luther King qui a fait un rêve, moi aussi j’avais le mien ; celui de faire un voyage imaginaire du Sénégal jusqu’à Capetown. Même s’il n’y a pas encore d’autoroutes là-bas, j’ai voulu créer une autoroute musicale : mettre tous ces artistes dans un taxi-brousse et faire ce voyage qui part du Sénégal avec Touré Kunda et Youssou Ndour, ramasser tout le monde en Guinée et au Mali avec les Salif Keïta et Mory Kanté, passer prendre Angélique Kidjo au Bénin, continuer sur le Zaïre avec Ray Léma et Papa Wemba, jusqu’en Afrique du Sud, où plusieurs musiciens ont également participé à l’album. Même Peter Gabriel est venu, avec Sinnead O’Connor d’ailleurs… Pour une fois, c’était nous qui l’invitions plutôt que l’inverse. C’était véritablement le rêve d’un artiste et j’ai eu la chance qu’il se réalise. Ca reste, pour moi, un souvenir très fort.

Chapeau !!!

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~ par Arielle sur 3 juin 2013.

2 Réponses to “Hier, au soleil de début de soirée,”

  1. Chanceuse!

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  2. Merci pour ce beau reportage! J’aime cette musique! Bise et bonne nuit, Arielle.

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